🔥 Faut-il investir quand les marchés boursiers sont au plus haut ?

Hello 👋 c’est Hervé Clemenceau, auteur de Abondance 360™️, la 1ère newsletter francophone dédiée à l'éducation financière et aux finances personnelles pour les professionnels de l'IT et du Conseil

C’est la 1ère édition de la newsletter envoyée toutes les 2 semaines, le jeudi

Vous y découvrirez un ensemble de ressources gratuites que je crée, ainsi que des analyses et des points de vue que je partage. Toutes les éditions sont archivées sur le site web pour ceux et celles qui souhaitent revenir sur un thème abordé précédemment

Si l’on vous a transféré cette édition et que vous souhaitez vous inscrire, c’est ici

📔 Au programme de cette édition :

💰 Budget 2025 : 50 milliards d'euros d'économies annoncés

Le ministre des Finances a dévoilé un plan visant à réaliser 50 Mds € d'économies dans le budget 2025, afin de réduire le déficit entre 5 % et 5,5 % du PIB. Les semaines à venir verront dans quelle mesure le nouveau gouvernement tiendra ou non le cap du rétablissement progressif de l’équilibre du budget de la France … autrement que par l’augmentation de la flat tax (le passage de 30 à 33% est une option vraisemblable)

👷 MaPrimeRénov' : renforcement du dispositif en 2025

Les plafonds de financement par l'État pour les propriétaires augmentent, encourageant la rénovation énergétique des logements. Une initiative intelligente qui s’adresse à tous et qui permet d’envisager des économies au travers d’investissements ciblés sur l’efficacité énergétique

🏠 Interdiction de location des logements classés G

La location des logements classés G (dits “passoires énergétiques”) au Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) est désormais interdite. Les propriétaires doivent réaliser des travaux pour améliorer la performance énergétique et se conformer aux normes en vigueur. Pour les fans de l’investissement locatif (je n’en suis pas), cela diminue d’autant la rentabilité (déjà faible) de leurs opérations

En ce début d’année 2025, et au moment où l’on constate que plusieurs marchés boursiers (ou “indices”) ont atteint un All-Time-High (ATH), il est légitime de se poser la question de savoir s’il faut continuer à investir ou non en bourse dans un tel contexte

📈 Comment se sont comportés les marchés financiers en 2024 ?

Lorsqu’on entend que “les marchés sont au plus hauts”, cela masque une situation plus nuancée

En 2024, beeaucoup d’indices ont connu une forte croissance, bien qu’inégale selon les géographies : les marchés US (S&P 500 et Nasdaq) ont bondit fortement , le Japon est sorti de 20 ans de léthargie (Nikkei), l’Allemagne (Dax) malgré un contexte politique difficile a montré une vraie résilience (merci SAP !), l’Inde a confirmé son potentiel … même la Chine, malgré un fléchissement de la demande intérieure et une crise immobilière, affiche un étonnant +23% de performance en 2024. On a connu pire !

Dans le même temps, certaines zones ont sous-performé : la France est pratiquement le seul des pays développés à avoir connu une performance négative (le CAC 40 a fini à -2,15%), l’Europe (EuroStoxx 600 à +8,79%) s’en sort mais est très loin de la moyenne ou encore le Brésil qui se prend une véritable claque (-24,8%) suite à une inflation très élevée et des catastrophes climatiques qui ont lourdement pesé

Les mouvements constatés peuvent s’expliquer par plusieurs facteurs :

• Des économies résilientes : La Réserve Fédérale américaine (FED) a réduit ses taux directeurs en réponse à une inflation maîtrisée tandis que la Banque centrale européenne (BCE) a maintenu des taux élevés plus longtemps face à une inflation qui a baissé plus lentement (on ne remercie pas Christine Lagarde)

• Des performances sectorielles hétérogènes : Plusieurs domaines, je pense évidemment à l’IA, ont permis d’engranger des gains importants, contribuant ainsi à la hausse des indices comme le S&P 500. D’autres, comme le luxe, ont connu des contextes plus contrariants comme on le verra un peu plus loin

• Hausse des rendements obligataires : Cela s'explique par les politiques monétaires des banques centrales ayant entraîné une baisse des prix des obligations existantes, augmentant mécaniquement leurs rendements pour attirer les investisseurs mais rebalaçant beaucoup de capitaux vers les actions

• Croissance des bénéfices des entreprises : En 2024, les bénéfices des entreprises ont souvent connu une croissance régulière, particulièrement dans les secteurs technologiques ou encore l‘énergie, soutenant ainsi le compartiment actions. Les publications ont rarement déçus cette année, alimentant mécaniquement la hausse

• Élections américaines : La réélection de Trump a été bien accueillie par les marchés financiers, anticipant des baisses d'impôts et des mesures de dérégulation (made in Elon), bien que des préoccupations subsistent quant à l'impact potentiel sur l'inflation et la croissance économique pour 2025

Dans ce contexte, comment expliquer les mauvaises performances du CAC 40 ?

• Surpondération du luxe : LVMH (-14%), L’Oréal (-24%), Kering (-40%) et Hermès (+18,5%) représentent plus du tiers du CAC 40. La baisse globale de leur valorisation a eu un impact direct et disproportionné sur l'indice

• Instabilité politique en France : La dissolution, la lenteur de formation du gouvernement Barnier et enfin la censure ont créé un contexte d’incertitude politique affectant la confiance des investisseurs et la performance des marchés financiers

• Contexte économique : Malgré des rallyes observés sur d'autres géographies comme on l’a vu, les actions européennes ont peiné à suivre. Les inquiétudes autour de la situation économique européenne ont pesé sur les performances des grandes entreprises françaises, même si celles-ci sont largement exposées à l’international

Mieux comprendre les facteurs impactant l'évolution des marchés

L'évolution des marchés boursiers est influencée par une multitude de facteurs interdépendants (rendant les prévisions très complexes) :

🌍 L’économie globale

• Croissance économique : Une économie en expansion favorise les marchés boursiers car les entreprises enregistrent des bénéfices plus importants, incitant alors les investisseurs à acheter des actions. Basique

• Inflation : Une inflation modérée peut être bénéfique tandis qu’une inflation élevée érode le pouvoir d'achat et peut inciter les banques centrales à augmenter les taux d'intérêt, rendant les emprunts plus coûteux et pesant sur les bénéfices des entreprises

🏭 La performance des entreprises

• Résultats financiers : Les performances trimestrielles des entreprises ont un impact direct sur le cours de leurs actions. Des résultats supérieurs aux attentes peuvent entraîner une hausse du cours, tandis que des performances décevantes (bénéfices et/ou C.A) peuvent provoquer une chute (voir LVMH)

• Innovations : Le lancement de nouveaux produits ou services innovants peut renforcer la compétitivité d'une entreprise et stimuler son cours en bourse. Par exemple, le développement de l’IA et la sortie de plusieurs solutions innovantes ont largement profité à NVidia en 2024 (+191%)

🚦Des facteurs sectoriels

• Concurrence : Un nouvel acteur sur le marché peut réduire les marges bénéficiaires des concurrents, impactant négativement leurs cours en bourse (exemple bien connu de Free vs Orange dans les Telecoms)

• Réglementations : Les changements réglementaires spécifiques à un secteur, tels que de nouvelles normes environnementales ou des modifications fiscales, peuvent influencer la rentabilité des entreprises concernées et, par conséquent, leurs cours boursiers (exemple de Volkswagen sur le coût de la transition pour atteindre les normes d'émissions de CO2 imposées par l’U.E)

🗺️ Les politiques et les forces géopolitiques

• Stabilité politique : Les marchés préfèrent la stabilité. Les incertitudes politiques, comme les élections ou les changements de gouvernement, peuvent provoquer de la volatilité (variation des cours) sur les marchés

• Conflits géopolitiques : Les tensions internationales, les guerres ou les sanctions économiques peuvent perturber les marchés en affectant le commerce mondial et les chaînes d'approvisionnement (Le gaz et L’Ukraine)

📣 Le sentiment des investisseurs et la psychologie du marché

• Humeur des investisseurs : Le sentiment général des investisseurs peut amplifier les mouvements de marché. Un optimisme généralisé peut conduire à des bulles spéculatives (Techno en 2000), tandis qu'un pessimisme peut entraîner des ventes massives (Orpéa suite au scandale des EHPAD en 2022 a perdu 99% de sa capitalisation)

• Analyses et recommandations : Les rapports d'analystes contenant des analyses détaillées, des prévisions et des recommandations influencent les décisions d'investissement. Une note positive (BUY) peut stimuler la demande, une baisse de recommandation provoque inévitablement une baisse du cours

⚡️ Événements Imprévus

• Catastrophes naturelles : Les tremblements de terre ou ouragans par exemple peuvent perturber l'activité économique, affectant négativement les marchés, comme on l’a largement constaté au Brésil en 2024

• Crises sanitaires : Des épidémies ou pandémies, comme celle du COVID-19, peuvent avoir des répercussions majeures sur l'économie mondiale et les marchés financiers

🚨 Arguments militant contre l’investissement en période de hausse

• Valorisations élevées : Lorsque les cours boursiers s'envolent, les actions peuvent devenir surévaluées, c'est-à-dire que leur prix dépasse leur valeur intrinsèque basée sur les fondamentaux de l'entreprise. Cette surévaluation est souvent alimentée par des attentes trop optimistes des investisseurs, qui paient de plus en plus cher pour des actions en espérant des rendements futurs élevés

• Bulles spéculatives : Une hausse rapide et excessive des cours peut conduire à la formation de bulles spéculatives, où les prix des actifs augmentent bien au-delà de leur valeur réelle. Ces bulles sont souvent alimentées par un excès de confiance des investisseurs et une activité spéculative accrue. Lorsque la bulle éclate, les prix s'effondrent

• FOMO (Fear Of Missing Out) : Les hausses rapides des marchés peuvent entraîner un comportement moutonnier, où les investisseurs suivent aveuglément les decisions des autres. Ce phénomène peut conduire à des décisions d'investissement irrationnelles, basées sur la peur de manquer une opportunité plutôt que sur une évaluation objective des risques et des rendements potentiels

• Risque de correction du marché : Après une période de hausse prolongée, les marchés sont susceptibles de subir une correction, c'est-à-dire une baisse significative des cours visant à aligner les prix des actifs sur leur valeur réelle. Investir au sommet du marché expose les investisseurs à des pertes potentielles lorsqu’une correction se produit. Il est donc crucial d'évaluer si les niveaux actuels du marché sont soutenables (c’est encore le cas pour l’IA)

• Impact des taux d'intérêt et des politiques monétaires : Les périodes de forte hausse des marchés sont souvent corrélées à des politiques monétaires accommodantes, avec des taux d'intérêt bas qui encouragent l'investissement en actions. Cependant, un changement de politique monétaire peut rapidement inverser cette dynamique, rendant les actions moins attractives et provoquant une baisse des cours

⌚️Existe t’il un moment idéal pour investir : quid du market timing ?

Le market timing est une stratégie d'investissement qui consiste à anticiper les fluctuations des marchés financiers afin d'acheter ou de vendre des actifs au moment le plus opportun, dans le but de maximiser les rendements. Cette approche repose sur la prévision des mouvements de marché, souvent à l'aide d'analyses techniques ou fondamentales. L’approche apparait séduisante mais voyons en quoi elle se heurte à des difficultés multi-factorielles :

• Imprévisibilité des marchés : Essayer de prédire les mouvements du marché est extrêmement difficile, même pour les professionnels (95% des fonds actifs sont battus par la gestion indicielle passive, le saviez-vous?). Nous l’avons vu, les marchés sont influencés par une multitude de facteurs économiques, politiques, et sociaux, rendant les prédictions précises quasi impossibles

• Risque de manquer les jours de hausse : Les meilleurs jours de performance du marché peuvent survenir juste après des corrections. Manquer ces jours peut avoir un impact significatif sur les rendements à long terme. En manquant simplement les 60 meilleurs jours (imprévisibles par nature) sur une période de 20 ans, on peut passer à côté de la quasi totalité de la performance du S&P 500 (voir illustration “The cost of timing the market” ci dessous)

• Stress et émotions : Le market timing requiert une surveillance constante des marchés et une prise de décision rapide, ce qui peut être source de stress et d'incertitude pour les investisseurs. Cette pression constante peut conduire à des décisions impulsives ou émotionnelles, souvent préjudiciables aux performances d'investissement

• Coûts et commissions : Le market timing implique des transactions fréquentes, entraînant des coûts de transaction élevés. Chaque achat et vente génère des frais qui peuvent s'accumuler rapidement, réduisant ainsi les rendements nets de l'investisseur

♟️ Quelles stratégies d'investissement faut-il alors considérer ?

Pour autant, il existe des stratégies éprouvées (que je pratique pour moi-même) qui peuvent aider à naviguer dans un marché haussier :

• Allocation stratégique d’actifs : Cette technique implique de déterminer une répartition cible des investissements entre grandes classes d'actifs, en fonction des objectifs financiers, de l'horizon temporel et de la tolérance au risque de l'investisseur. Cette répartition est ensuite rééquilibrée périodiquement pour maintenir les proportions initiales, indépendamment des performances du marché. Cette discipline permet de gérer le risque et d'assurer une diversification appropriée du portefeuille. (Simple. Basique. Efficace … mais loin d’être généralisé chez les investisseurs)

• Diversification : La diversification consiste à répartir les investissements entre différentes classes d'actifs (actions, obligations, immobilier, etc.), secteurs et supports afin de réduire le risque global. Cette stratégie (que j’utilise moi-même) est connue pour sa capacité à stabiliser les rendements sur le long terme (et accessoirement à ne pas perdre le sommeil lors de baisses)

• Dollar-Cost Averaging (DCA) : Cette méthode d’investissement programmé consiste à investir régulièrement des sommes fixes, indépendamment des conditions de marché. Ces approches visent à lisser les fluctuations de cours et à réduire l'impact de la volatilité, offrant ainsi une alternative plus stable et moins stressante pour les investisseurs

• Investissement passif via des fonds indiciels (ETF) : Cette stratégie dite “lazy” implique d'investir dans des fonds indiciels (ETF) qui répliquent la performance d'un indice de marché ou secteurs spécifiques (S&P500, Nasdaq, MSCI World, marché des semi-conducteurs…). Cette approche permet de bénéficier de la croissance du marché sans tenter de prédire les mouvements à court terme (il faut savoir assumer son ignorance parfois). Elle est souvent associée à des frais de gestion inférieurs et à une moindre complexité par rapport à la sélection active de titres (stock picking)

• Buy and hold : Cette stratégie consiste à acheter des actifs de qualité et à les conserver sur une longue période, indépendamment des fluctuations du marché. Cette approche repose sur l'idée que, malgré les cycles économiques, les marchés financiers tendent à croître sur le long terme

Bien que l'investissement en période de hausse des marchés offre des opportunités de gains, il comporte également des risques significatifs, identifiés précédemment. Il est donc essentiel pour les investisseurs d'adopter une approche prudente, notamment en définissant une allocation stratégique correspondant à ses objectifs de vie personnels et en diversifiant son portefeuille tout en se concentrant sur des stratégies d'investissement à long terme

Fabien, 50 ans, souhaite évaluer le montant de sa retraite au régime général. Avec une carrière ininterrompue de 26 ans, il a déjà validé 104 trimestres mais doit tenir compte des règles spécifiques aux salariés du privé. Découvrez une méthode simple pour calculer votre retraite et mieux comprendre les impacts des trimestres manquants et des décotes

Vidéo à caractère éducatif, aucune collaboration commerciale existante avec MeilleurTaux Placement ©

Question de Thomas

Hello Thomas,

Lorsqu’on reçoit une donation et qu’en parallèle on opère des investissements réguliers (je prends l’hypothèse que c’est en bourse dans le cas présent), trois options s’offrent à vous :

1. Votre stratégie actuelle vous convient : vous pouvez tout simplement accélérer l’investissement en augmentant le montant de votre investissement mensuel et ainsi répartir les 10 000€ sur un PEA par exemple.

Sur quelle période répartir l’investissement ? Cela va dépendre de ce que représente ce capital par rapport à votre patrimoine total :

• Si par exemple, cela double votre patrimoine : Il serait raisonnable de l’investir très progressivement, par exemple sur 12 mois

• Si cela impacte votre patrimoine patrimoine actuel de moins de 30%, vous pouvez vous permettre d’investir cette somme en 2 ou 3 fois

2. Vous souhaitez en profiter pour diversifier votre patrimoine vers de l’immobilier de rendement : L’immobilier étant moins volatil que les marchés boursiers, vous pouvez donc vous permettre d’investir en une seule fois la somme

Au regard du montant à investir et de la faible rentabilité de l’immobilier en direct, votre choix pourrait s’orienter vers une SCPI (Société Civile de Placement Immobilier), accessible à partir de 150€ sur l’assurance-vie. Afin de répartir le risque et diversifier, il est conseillé de répartir le montant sur 2 ou 3 SCPI, de préférence européenne

3. Vous souhaitez combiner ce placement avec une opération de défiscalisation

Si votre TMI est au moins égale à 30% (voir votre avis d’imposition), vous pouvez faire un versement sur un PER (en ETF, en SCPI ou en Private Equity par exemple) et ainsi réduire votre revenu imposable. Des cas de déblocage anticipé existent, pas besoin d’attendre la retraire pour récupérer les fonds

En synthèse, 3 options sont à étudier au regard de votre profil et attentes :

• Augmenter son DCA en bourse pendant quelques mois

• Diversifier vers l’immobilier, notamment au travers de SCPI

• Réduire sa fiscalité en alimentant son PER

Merci 🫶🏼

D’avoir lu cette 1ère édition jusqu’au bout, j’espère qu’elle vous a plu !

📚 Vous pouvez également accéder à toutes les newsletters précédentes

À jeudi, dans deux semaines !

Hervé